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Grazcha fich, Barbara!

Après 13 ans d’activité, la secrétaire centrale quitte l’USDAM pour réorienter sa carrière.

Après avoir servi la cause des musiciennes et des musiciens et s’être engagée sans compter pour leurs droits, Barbara Aeschbacher passera dorénavant la plupart de son temps dans son cher canton des Grisons. Elle a en effet été élue présidente de la commune de Sils im Engadin (Segl en romanche), où elle est établie depuis une trentaine d’années, et prendra ses nouvelles fonctions le 1er janvier 2021. Nous lui souhaitons le meilleur pour la suite !

Interview

– Que garderas-tu comme souvenir de tes années à l’USDAM au service des musiciens ?

Je garde comme plus beau souvenir l’excellente collaboration avec des personnes formidables. A leur contact, j’ai pu percevoir les musiciennes et musiciens comme personnes très cultivées, qualifiées, sensibles, extrêmement chaleureuses et sympathiques. J’ai beaucoup aimé m’engager pour les intérêts de membres si agréables, et espère pouvoir continuer à cultiver les nombreux liens d’amitié qui se sont noués au fil des années. J’ai également ressenti les relations interpersonnelles franches et confiantes au sein du secrétariat central comme très enrichissantes et inspirantes, et comme un grand soutien lors de situations difficiles.

– Quelles évolutions as-tu constatées au cours de ces années passées au secrétariat central ?

Bien que ne possédant que peu de connaissances préalables sur les conditions de travail des musiciennes et musiciens, j’ai pu rapidement constater que beaucoup de choses devaient être améliorées en ce qui concerne les intermittents. Dans ce domaine précisément, nous avons obtenu un certain nombre de résultats – bien qu’il reste encore beaucoup à faire. Un calcul correct des prestations sociales s’est désormais imposé dans la plupart des orchestres à projet et ensembles. Les conditions de travail difficiles des indépendants figurent de plus en plus à l’agenda politique. La situation de ces dernières années montre toujours plus clairement qu’on ne peut plus vraiment gagner de l’argent avec des enregistrements. Mais le droit d’auteur et les droits voisins ont toutefois pu être adaptés.
Pour ce qui est des orchestres professionnels, je perçois en particulier une évolution négative de la politique de subventions. La menace des réductions de subventions augmente massivement, accompagnée de projets de dégradation des conditions de travail.

– Tu t’es spécialement investie pour les conventions collectives de travail. Comment évalues-tu leur importance ?

Je n’ai jamais eu l’impression de m’être plus, ou spécialement, occupée des conventions collectives de travail. Dans l’ensemble, mon temps de travail s’est probablement réparti exactement à moitié pour les intérêts des musiciens à poste fixe et à moitié pour ceux des indépendants. Cependant, les besoins de ces derniers sont fréquemment plus diversifiés, et peuvent souvent moins être abordés de manière globale.
De mon point de vue, les conventions collectives de travail possèdent effectivement une importance centrale. Elles constituent pour moi quasiment la colonne vertébrale de l’Union. D’une part, de bonnes conditions de travail peuvent être définies collectivement et simultanément pour de nombreux musiciennes et musiciens avec une seule CCT. D’autre part, ces conventions définissent aussi en particulier des standards comportant un effet de signal dépassant largement l’horizon des orchestres professionnels. Et comme il s’agit de contrats négociés entre partenaires sociaux, ces standards sont également acceptés par les employeurs.

– Les ordres tarifaires de l’USDAM sont également des outils précieux pour les musiciens.

Les ordres tarifaires devraient être pour les intermittents ce que les CCT représentent pour les musiciens fixes. Qu’ils ne le soient pas (encore) réside dans le fait qu’en tant que documents adoptés unilatéralement, et contrairement aux contrats négociés, ils ne sont pas juridiquement contraignants. Obtenir une telle force juridique contraignante représente un des buts les plus importants de l’USDAM. De cette manière, les discussions sur les tarifs et les questions concernant les décomptes des assurances sociales seraient réglées d’un coup pour d’innombrables musiciennes et musiciens indépendants. Mais au moins, les ordres tarifaires de l’USDAM sont déjà reconnus actuellement au niveau suisse comme une ligne directrice pour les questions tarifaires. Leur importance se renforcera car, d’une part, avec le nouveau Message culture, le respect des tarifs sectoriels est une condition pour les prestations de soutien financier, et, d’autre part, la volonté de lier un soutien au respect des ordres tarifaires de l’USDAM augmente également du côté des cantons et les soutiens privés. On ne doit cependant pas perdre de vue que les tarifs de l’USDAM représentent des tarifs minimaux. Des calculs concrets montrent que, même avec ces tarifs, les musiciennes et musiciens ne gagnent pas une fortune et qu’en matière de salaire, ils se retrouvent loin en dessous des autres jeunes diplômés des hautes écoles.

– Les conséquences de la pandémie sur le monde culturel ont démontré l’importance de la solidarité et des mesures étatiques pour soutenir ce secteur en temps de crise. Quelles leçons en tires-tu ?

Il est malheureusement apparu que, malgré tous les efforts possibles, les plus fragiles du système passent souvent entre les mailles du filet. Mais il s’est cependant aussi avéré qu’une étroite collaboration entre les associations culturelles permet d’atteindre passablement de résultats pour le secteur culturel. Il est possible qu’avec ce rapprochement, la force concentrée des associations culturelles et les problèmes des intermittents devenus désormais bien visibles, le temps soit maintenant venu de pouvoir également aboutir ici à des améliorations à grande échelle pour le futur.

Aimerais-tu encore ajouter quelque chose ?

J’aimerai remercier très cordialement tous ceux avec qui j’ai parcouru durant ces dernières années un bout de chemin, long ou court, pour leur agréable collaboration et je me réjouis de recevoir de nombreux visiteurs à Sils. Ma porte reste ouverte et je garderai toujours une oreille ouverte aux préoccupations des acteurs culturels.

Laurent Mettraux