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Instruments de musique dans les avions

Il serait temps que les compagnies aériennes respectent les besoins des musiciens et des instruments qui sont leurs compagnons de vie. Une pétition en cours de la FIM interpelle le Conseil européen dans ce sens.

 Le temps où les musiciens passaient une journée dans le train ou prenaient un paquebot pour leurs tournées à l’étranger est bien révolu. Leurs voyages se font depuis longtemps par avion, avec moins d’espace pour les bagages et très souvent moins de compréhension pour leurs exigences spécifiques, voire un manque d’égards bien affligeant. Certains instruments, aussi précieux ou fragiles soient-ils, se retrouvent ainsi confinés en soute. On peut hélas constater avec tristesse qu’un nombre croissant d’entre eux sont endommagés, voire totalement détruits. Il est plus prudent de transporter les instruments en cabine, ce qui s’avère possible soit si la caisse de l’instrument n’excède pas une certaine taille (variable selon les compagnies), soit si le musicien paie une seconde place à ses côtés, ce qui n’est pas toujours réalisable et peut bien entendu se révéler onéreux. Plus dispendieux encore, mais apportant une sécurité toute particulière : la possibilité d’enregistrer son précieux bagage comme œuvre d’art, traitement privilégié incluant en principe d’excellentes conditions hygrométriques. Sur le site de la FIM, on trouve un classement des compagnies aériennes. Les plus favorables acceptent les instruments à bord tant qu’ils peuvent être placés dans un coffre à bagages ou sous un siège, sans limite de taille (c’est la règle pour les transporteurs aériens basés aux Etats-Unis, depuis la règlementation FAA du 6 mars 2015) ; quant aux moins accommodantes, elles s’en tiennent à la taille des bagages à main, sans exception. Quelle que soit la règle en vigueur, il faut que l’espace disponible soit suffisant lors de l’embarquement – il est ainsi conseillé de faire partie des premiers passagers à entrer dans l’avion. Dans l’Union Européenne, un règlement sur le transport aérien des passagers et de leurs bagages comporte des dispositions plus favorables au transport des instruments de musique, proches de la règlementation américaine. Adopté en février 2014 par le Parlement européen, il attend toujours l’assentiment du Conseil européen. Non seulement ce dernier ne semble guère pressé de s’en préoccuper, mais pire encore, il propose de supprimer l’article qui aurait pu inciter à un meilleur respect des besoins des musiciens, sous prétexte de laisser chaque transporteur aérien libre d’établir sa propre pratique en la matière. Dans les faits, la politique de la plupart des compagnies européennes demeure défavorable (voir article « Compagnies aériennes et négociations »). La FIM a initié en 2016 une pétition en ligne afin d’engager le Conseil Européen « à maintenir l’article 6e du règlement révisé 2027/97, dans les termes adoptés par le Parlement européen et sans aucune altération ». Nous encourageons les lecteurs qui ne l’auraient pas encore fait à ajouter leurs noms à ceux de plus de 28’000 signataires. Il suffit de cliquer sur l’image intitulée « instruments à bord des avions » dans la colonne de droite du site de la FIM pour être dirigé vers cette pétition.

Par ailleurs, la FIM et Pearle viennent de publier un guide explicatif concernant les obligations administratives liées à la mise en œuvre de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). Dans un prochain numéro, nous aborderons cet autre aspect important du transport d’instruments de musique, en complétant et actualisant les informations données dans notre article paru en juillet 2016.

Laurent Mettraux, 26 avril 2018

www.fim-musicians.org/f

Compagnies aériennes et négociations

Johannes Knapp, traduction résumée : Laurent Mettraux – Les compagnies aériennes favorables aux musiciens forment une petite minorité. La liste de la FIM n’en compte que 13 (huit d’Amérique du Nord, quatre d’Europe et une d’Israël), tandis que 71 autres se trouvent dans la moins bonne catégorie et que 30 transporteurs aériens forment la catégorie moyenne. Il y a des compagnies dont la renommée aurait pu nous faire espérer mieux, mais qui ne proposent aucun service particulier pour les voyageurs avec instruments de musique ; il en est ainsi de Lufthansa, SWISS, Austrian, Air France, Etihad Airways, Finnair et Singapore Airlines.

Pour Gerald Mertens, directeur de l’Association des orchestres allemands (DOV), le grand problème en Europe est que les conditions de transports ne sont de loin pas contraignantes. Bien que ces conditions soient spécifiées dans les guides et sites internet, la pratique réelle laisse à désirer : « nous avons de plus en plus de cas où un musicien est désagréablement surpris à l’aéroport. Lorsqu’un instrument doit être mis en soute, on se trouve face au dilemme suivant : soit on est forcé d’annuler le déplacement, soit de perdre la couverture d’assurance pour son instrument.

Actuellement, Gerald Mertens se trouve en dialogue avec le groupe Lufthansa, dans lequel se trouvent également les compagnies SWISS et Austrian Airlines, dans l’espoir qu’il prenne exemple sur Air Canada, distingué l’an passé par le « FIM Airline of Choice Award » : « Les musiciens peuvent entrer en premier à bord, comme les sénateurs, les invités VIP ou les familles avec enfants en bas âge, et sont ainsi sûrs qu’au moins leur violon, alto ou instrument à vents (sauf peut-être le contrebasson) trouvera place dans le compartiment pour bagage à main. Air Canada est si conciliant qu’il laisse aussi passer des caisses d’instruments qui dépassent les dimensions habituelles. Nous essayons de promouvoir cet exemple auprès des grandes compagnies aériennes. Actuellement nous sommes en négociations avec le groupe Lufthansa, et ainsi également avec ses filiales SWISS, Austrian und City Line. Nous avons au moins pu obtenir de bons progrès dans la prise en charge des bagages en soute dans des caisses de transport spéciales. Dans une deuxième étape, il s’agira de l’embarquement des instruments en cabine. » […] « L’important est que les standards adoptés par les compagnies soient pratiqués de manière fiable. » A la question de savoir ce à quoi un musicien doit faire attention avant d’entrer dans un avion, le directeur de la DOV répond aussitôt : « par principe, faire la réservation par téléphone ». On prend de grands risques à réserver en ligne. « On n’obtient peut-être pas exactement les prix les meilleurs marchés en téléphonant, mais cette charge supplémentaire en vaut toujours la peine ».

Vous devez bientôt voyager par avion avec un instrument de musique, ou vous l’avez fait récemment ? Quelles sont vos expériences ? Qu’elles soient bonnes ou mauvaises, communiquez-les à l’USDAM ou directement à la Fédération Internationale des Musiciens. Sur le site de la FIM, vous trouverez un formulaire. Prenez quelques minutes pour le remplir soigneusement : cela servira à compléter et à actualiser le classement des compagnies aériennes cité ci-dessus – vos collègues vous en seront reconnaissants !