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Le partenariat social devrait aller de soi !

La qualité des intervenants ainsi que la variété des sujets évoqués ont caractérisé l’Assemblée des délégués 2019.

L’Assemblée ordinaire des délégués de l’USDAM de cette année, tenue le 9 mai à Lausanne, a débuté par plusieurs allocutions dignes d’intérêt. Le secrétaire de la section vaudoise, Daniel Spörri, a souligné l’importance de se sentir soutenu par l’Union centrale, en particulier pour la sous-section de l’Orchestre de Chambre de Lausanne qui se trouve actuellement en cours de négociation d’une nouvelle convention collective de travail. La direction exécutive de l’OCL a soumis un projet de contrat au contenu plus proche des usages parisiens. Les négociations forcées ont débuté en janvier de cette année. Parallèlement, ajoute Daniel Spörri, la direction ne cache pas qu’elle estime se sentir entravée par la CCT actuelle, ayant par ailleurs de moins en moins d’estime pour le partenariat avec les musiciens. Comme un changement de directeur exécutif est annoncé pour juillet 2020, les musiciens de l’OCL espèrent que les négociations puissent se prolonger au-delà de cette échéance. Avoir un syndicat solide derrière soi s’avère très important dans de pareilles conditions, surtout lorsqu’il faut lutter contre des tentatives d’autoritarisme.

Le premier des deux orateurs invités, Pierre-Yves Maillard, a lui aussi relevé la force de l’USDAM qui l’impressionne, particulièrement son effectif de près de 1700 membres. Au quatrième jour de sa présidence de l’USS, il est venu honorer l’USDAM de sa présence, un de ses tout premiers actes officiels dans sa nouvelle fonction. Comment est-il possible que des musiciens possédant une formation si poussée doivent encore se battre pour avoir des salaires décents ?, s’interroge-t-il, qualifiant cette situation d’anormale. L’exemple actuel de l’OCL démontre que le partenariat social ne va malheureusement pas de soi. Dans ce contexte, le président de l’USS estime que, dans les circonstances actuelles, une déclaration de force obligatoire générale ne serait pas idéale pour le secteur musical. Par contre, il suggère qu’une pression plus forte sur les instances publiques subventionneuses pourrait s’avérer efficace, notamment lorsque les représentants politiques sont susceptibles d’être sensibles aux revendications syndicales, ce qui reste le cas dans la majorité des villes culturelles. Pierre-Yves Maillard a par ailleurs proposé spontanément son aide pour intervenir en faveur des musiciens d’orchestre auprès d’autorités cantonales. Dans la suite de son allocution, il a résumé la situation actuelle des relations avec l’Union européenne, ainsi que leur répercussion sur la politique salariale suisse (dont les mesures de compensation). En dépit de bons résultats en ce qui concerne les garanties de stabilité salariale, il a toutefois traité d’inadmissible le fait que le pouvoir d’achat (ou salaire réel, c’est-à-dire la quantité de biens qu’un salarié peut acheter) ait baissé en 2017 et 2018, années de bonne conjoncture. Enfin, Pierre-Yves Maillard a exprimé la satisfaction de l’USS quant à la présence de l’USDAM en son sein.

Egalement depuis peu en fonction, depuis le 1er mars précisément, la nouvelle directrice générale de la Haute École de Musique et Conservatoire de Lausanne, Noémie L. Robidas, a abordé de nombreux points importants, parmi lesquels le fait que dans son pays, les musiciens d’orchestre professionnels ont l’obligation d’adhérer à l’Organisation des musiciens d’orchestre symphonique du Canada. Au niveau pédagogique, il lui tient à cœur que les étudiants soient bien préparés pour aborder le milieu professionnel et la réalité du marché du travail, afin qu’au-delà de l’excellence exigée, ils puissent être également porteurs de projets. Mme Robidas espère que la recherche, inscrite dans les pratiques sur le terrain, prendra plus de place à l’HEMU. Elle invite les délégués de l’USDAM à faire part de leurs réflexions et constats sur les questions suivantes : Que manque-t-il dans la formation d’un point de vue du musicien d’orchestre ? Que pourrait être l’HEMU de demain en relation avec les besoins des jeunes musiciens et ceux du milieu professionnel ? Il semble clair que le dialogue entre Mme Robidas et l’USDAM se poursuivra bientôt.

S’il n’y a rien à mentionner concernant la partie statutaire de l’assemblée, le nouveau règlement des frais et des rémunérations a quant à lui suscité d’intenses discussions, à la suite desquelles une motion proposée par le président de la section de Zurich, Hans-Peter Achberger, a été acceptée. Elle demande de maintenir une année de plus le règlement actuel et de calculer également, sur la durée d’une année, les remboursements de frais et les rémunérations selon deux variantes supplémentaires, afin de se faire une idée concrète des coûts auxquels on peut s’attendre.

L’ordre du jour se poursuivait avec les suites de deux autres motions de la section zurichoise. La première, approuvée par l’Assemblée des délégués en 2017, est à l’origine des « 21 maximes pour une bonne gouvernance de l’union », adoptées à la quasi-unanimité. Lors d’une brève présentation, Hans-Peter Achberger a souligné l’importance de ce document aussi bien pour le travail des instances à l’intérieur de l’union, le maintien et l’augmentation de l’efficience, les processus opérationnels, les circuits de décision que pour la répartition des compétences. La seconde motion, de 2018, demandait que soit constitué un groupe de travail chargé d’étudier des modèles possibles d’agence de placement suprarégionale. Les travaux de ce groupe ont avancé et il est apparu qu’un office de décompte suprarégional serait plus adéquat. Depuis, trois scénarios ont émergé : mise en place d’un office de décompte AVS en étroite collaboration avec un des secrétariats régionaux USDAM encore existant ; création par l’USDAM de son propre office de décompte, cette variante étant liée à un travail considérable et à un certain risque entrepreneurial ; coopération avec une organisation déjà existante.

Pour finir, le Président central Beat Santschi donna un bref résumé de la conférence des présidents qui a précédé l’AD. Elle était en majeure partie consacrée aux efforts les plus récents de l’USDAM en faveur d’une plus grande intégration du tarif minimal dans le soutien public à la culture. Les participants ont examiné de manière approfondie le modèle de soutien aux orchestres entré en vigueur dans le canton de Bâle-Ville en 2017 (voir également à ce sujet l’article détaillé paru dans la précédente édition).

Laurent Mettraux