Notizia

Hommage à Wolfgang Sawallisch

[Ci spiace, ma questo articolo è disponibile soltanto in Deutsch e Français.]

Directeur artistique de l’Orchestre de la Suisse Romande de 1970 à 1980
C’est avec émotion que le monde musical international et plus particulièrement genevois et romand a appris le décès du grand chef d’orchestre Wolfgang Sawallisch. Chef talentueux au goût musical raffiné et à la technique de direction irréprochable, il était l’interprète de tous les grands ouvrages du répertoire. S’il dirigeait plus particulièrement avec bonheur et d’une manière inégalée les œuvres de Schubert et Schumann, il excellait également dans des compositions plus contemporaines telle le Sacre du Printemps.Wolfgang Sawallisch était aussi un excellent pianiste, lauréat du Concours international d’exécution musicale de Genève, il avait obtenu un premier prix de musique de chambre. Dans la fosse également, il était exceptionnel, maîtrisant avec fermeté et précision scène, chœurs, solistes et orchestre. Le public genevois se souvient encore aujourd’hui d’un fabuleux « Electra ». 
D’une extraordinaire modestie, il restait à l’écart du « star-système » qui ne lui correspondait guère, car il connaissait assez les intrigues pour fuir, quitte à devoir se rendre un peu distant de ses admirateurs.
C’est en 1970, après la disparition du fondateur de l’Orchestre de la Suisse Romande et le passage éphémère de Paul Klecki, au moment où l’institution était au creux de la vague et soumise à de nombreuses convoitises, que Wolfgang Sawallisch a accepté les sollicitations des musiciens de prendre en main l’avenir de l’OSR. 
Tout d’abord chef invité par Ernest Ansermet dès 1959, il assuma ainsi la direction artistique de l’orchestre de la Suisse Romande de 1970 à 1980. Directeur musical et administratif durant de nombreuses années de l’Opéra d’Etat de Munich, il a ainsi pu faire bénéficier l’OSR de sa riche expérience. Grâce à cette collaboration d’exception, à son esprit d’ouverture, à ses exigences musicales, l’orchestre pu retrouver non seulement une dynamique artistique mais également une dynamique sociale. 
Sur le plan musical tout d’abord, il a transmis à l’orchestre sa très grande connaissance des partitions dont il savait rendre autant la grandeur musicale que la profondeur humaine. Très exigeant avec ses musiciens, il conservait en dehors des répétitions une grande humanité. Sous son autorité naturelle, l’orchestre retrouva progressivement sa qualité et des propositions d’enregistrements de commerce et de tournées de plusieurs semaines à l’étranger. Sous sa baguette, l’orchestre se déplaça notamment aux Etats-Unis, en Corée, au Japon et en Allemagne. Il retrouva ainsi la notoriété, qui était la sienne sous Ernest Ansermet, de grand ensemble symphonique de renommée internationale. 
Sur le plan administratif ensuite, Wolfgang Sawallisch mit en place une structure de gestion paritaire, composée du président et du trésorier de la fondation de l’OSR, de deux délégués des musiciens et de son représentant personnel. Celle-ci permit de réactualiser toutes les conventions entre l’institution, les subventionnants et utilisateurs, Ville de Genève, Grand théâtre, SSR. Elle permit également une très grande amélioration des conditions de travail des musiciens, avec la création d’un contrat collectif de travail, prévoyant une revalorisation des salaires, l’indexation de ceux-ci, un plan d’annuités, l’allègement des horaires, de meilleures prestations de la prévoyance sociale, etc.
C’est pourquoi l’OSR doit être infiniment reconnaissant à Wolfgang Sawallisch d’avoir, par son engagement à sa cause, assuré durant une période difficile la pérennité de l’institution.
Innombrable sont ceux et celles qui à Genève et dans toute la Suisse Romande lui doivent un incomparable enrichissement de leur culture musicale et une contribution précieuse à l’épanouissement de leur vie intérieure. 
Aux noms des musiciens qui doivent être particulièrement reconnaissants à celui sans qui l’Orchestre de la Suisse Romande ne serait probablement plus, j’exprime ma vive gratitude et présente à sa famille mes plus sincères condoléances.

Jean-Claude Cristin
Ancien corniste et délégué des musiciens de l’OSR