Daniel Lienhard ; traduction: Laurent Mettraux – 4 septembre 2024 (Revue Musicale Suisse)
Les deux membres sortants du Comité central nous ont donné des informations sur leurs expériences au sein du comité exécutif de l’USDAM, les défis à venir et leur avenir personnel.
Les réponses à nos questions ont été données par écrit.
Catherine Suter Gerhard est née en 1975 et a étudié le violon à Zurich, puis à Genève auprès de Margarita Piguet-Karafilova et à Bâle dans la classe de Thomas Füri (diplôme d’enseignement en 1998 et diplôme de soliste en 1999). Elle a suivi des cours de musique de chambre donnés par Gérard Wyss, Christoph Schiller, François Benda, Walter Levin et Hatto Beyerle, et a participé à des cours de maître de Franco Gulli (Lucerne), Miriam Fried (Sienne), Shmuel Ashkenasi (Salzbourg) et Francesco de Angelis (Sion). Depuis 1999, elle est membre de l’Orchestre de Chambre de Lausanne, dont elle a été membre du comité, et plus tard déléguée de la SIG (depuis 2014) et de Swissperform (depuis 2017). Outre ses activités orchestrales, elle se passionne pour la musique populaire de l’Amérique latine et a été durant dix années membre de l’ensemble Prisma Latino. Elle a également suivi de 2017 à 2021 des cours de violon jazz à l’EJMA de Lausanne, auprès de Yilian Canizares.
La co-présidente Muriel Noble rend hommage à Catherine Suter Gerhard:
« Chère Catherine, merci pour tout ce que tu as apporté au Comité central : ton enthousiasme, ton rire tellement joyeux, ton acuité, ta délicatesse et ton intelligence vont nous manquer. Tu ne t’en vas pas très loin car tu vas amener toutes ces qualités à la Section vaudoise. Heureuse section ! Merci pour ces années zurichoises à tes côtés! Merci pour ta précieuse et lumineuse présence ! »
Catherine Suter, comment as-tu vécu ton travail au comité central de l’USDAM ?
J’ai appris beaucoup de choses sur toutes sortes de sujets autour de la musique, entre autres sur les changements dans le monde du travail. Je trouve que le travail politique est très important, le lobbying, les relations internationales et les relations entre la profession de musicien et la société. J’ai beaucoup appris sur ces thèmes au sein du CC. Je trouve aussi très enrichissant l’échange entre collègues de toute la Suisse, qui est très fort au sein du CC et qui a lieu régulièrement. Pour l’avenir, je souhaiterais pour l’USDAM une structure plus centralisée, afin que les sections plus petites aient moins de travail bureaucratique et puissent plus se consacrer au travail sur place. Ce serait également bien si un ou une juriste était à nouveau employé à l’interne, puisqu’il y a tellement de problèmes quotidiens des musicien(ne)s qui présentent un aspect juridique. Maintenant, depuis juin, je suis la nouvelle présidente de la section de Vaud. Je me réjouis de ce travail concret et local et j’essaierai de mettre en pratique ce que j’ai appris au CC.
Qu’est-ce qui a constitué un des points forts dans le cadre de tes activités au sein du CC ?
La réalisation du nouveau site web de l’USDAM a été pour moi un moment fort de ces quatre années dans le CC.
Quels défis attendent les musiciennes et musiciens ?
Je suis aussi déléguée pour la SIG et pour Swissperform. Pour les interprètes, obtenir une part du gâteau en matière de musique enregistrée sera un grand défi dans les prochaines années. Les nouvelles technologies menacent de faire disparaître les droits des musicien(ne)s ; ils ne reçoivent quasiment plus d’argent, alors que jamais auparavant autant de musique n’a été écoutée !
Quels projets as-tu pour l’avenir ?
Depuis 25 ans, je suis violoniste à l’Orchestre de Chambre de Lausanne et je suis très heureuse et fière de mon orchestre. Je ne voudrais jouer nulle part ailleurs. J’ai par ailleurs fondé en 2021 l’Association Musique et Seniors (www.musique-seniors.ch), dont le but est de rendre plus accessibles, pour la région d’Aigle, les cours de musique aux seniors. Nous voulons montrer aux gens que la musique est une possibilité incroyable de rester en forme, de continuer à apprendre à tout âge et d’échanger avec les autres. Nous avons maintenant 40 élèves.
Je suis heureuse au sujet de mes deux fils qui deviennent de jeunes personnes formidables, et je peux les soutenir dans cette voie. C’est un plaisir !
Catherine Suter Gerhard (Photo: HeadshotPro)
Luca Borioli a étudié la percussion à Zurich et à Trossingen (D). Il a gagné différents prix, entre autres deux fois le prix d’études de la Fondation Friedl Wald ainsi que le prix de musique Hans Ninck 2004. Depuis 2004, il enseigne à l’Ecole de musique/conservatoire de Zurich MKZ. Il est supplémentaire dans de nombreux orchestres (Philharmonia Zurich, orchestres symphoniques de St-Gall et Lucerne, Musikkollegium Winterthur et Orchestre de chambre de Bâle). Il se produit en outre régulièrement en soliste et comme musicien de chambre.
Le co-président central Davide Jäger rend hommage à Luca Borioli :
« Je connais Luca Borioli depuis longtemps, au moment où nous étions étudiants à la Haute Ecole de Musique de Zurich, au début des années 2000, et je le considérais alors comme un musicien réaliste, très talentueux et sympathique. Dans le cadre de l’USDAM, nos chemins se sont croisés pour la première fois en 2017. Nous étions à ce moment-là tous deux candidats pour un poste vacant au Comité central, et il a été élu. Un peu décevant pour moi, mais c’était ce qu’il fallait pour notre Union. Les points forts de Luca étaient sa préparation, sa connaissance des matières, les questions à juste titre critiques, son attitude calme et sereine ainsi que la capacité à reconnaître et à représenter les besoins de tous les musicien(ne)s. Il était ainsi le représentant idéal pour les musiciens(ne)s indépendant(e)s, mais aussi pour ceux qui ont un emploi fixe, qu’il connaît et comprend également bien en tant que supplémentaire dans divers orchestres symphoniques. »
Luca Borioli, comment as-tu vécu ton travail au Comité central de l’USDAM ?
J’ai vécu le travail au CC de différentes manières. Au cours des premières années, il y avait souvent des séances qui étaient compliquées. Cela s’est beaucoup amélioré depuis : je pense que le travail au CC est devenu récemment plus efficace et l’atmosphère est aussi devenue plus constructive et agréable. J’ai été intégré au CC à une période où la possibilité d’une fusion entre toutes les associations alors existantes était en discussion ; cela a par la suite échoué au dernier moment. C’est pourquoi je trouve intéressant que des discussions soient actuellement menées avec Sonart sur la manière dont les deux associations pourraient organiser leur collaboration. Certains thèmes reviennent. Pour moi, la boucle est ainsi bouclée…
Qu’est-ce qui a constitué un des points forts dans le cadre de tes activités au sein du CC ?
Pour moi, il n’y a pas eu de véritable point fort, plutôt nombre de thématiques intéressantes. Lorsqu’on est au CC, on découvre combien il est difficile de réaliser un travail associatif. Je suis devenu encore plus conscient des différences qui existent en partie entre les intérêts des musiciens indépendants et ceux des permanents. Parallèlement, on s’aperçoit que c’est un avantage pour tout le monde lorsqu’on tire à la même corde. De ce point de vue, la nomination d’une secrétaire syndicale a été une avancée importante. A cette période ont également pris place le travail sur le nouveau site internet, un nouveau logo et de manière générale l’élaboration d’une nouvelle image de l’USDAM. Tout cela était aussi très intéressant.
Quels projets as-tu pour l’avenir ?
Ils sont nombreux : professionnellement, il y a quelques projets qui débutent actuellement et qui, je l’espère, pourront être présentés sur scène à la fin de cette saison. J’ai maintenant été nommé à la commission du Swiss Percussion Competition et espère que je pourrai y contribuer de manière positive. Sans quoi, je continue à m’entraîner intensivement pour mes courses de montagne. Je planifie les cours avec mes élèves (il y a plusieurs concours à venir) et je travaille avec des proches à la rénovation du mayen familial au Tessin. Je dois aussi me remettre à exercer le piano : mon fils joue de la trompette et je dois plus souvent l’accompagner lors de concerts et de concours. Je suis sûr de ne pas m’ennuyer…
Luca Borioli (Photo: Tibor Nad)