A côté des habituelles formalités, l’Assemblée ordinaire des délégués du 22 mai, dont la section de la ville fédérale était à nouveau l’hôte, a aussi abordé des sujets brûlants.
L’USDAM est l’une des seize organisations fédérales affiliées à l’Union syndicale suisse (USS), la plus grande association de travailleurs de Suisse. Dès le début de l’assemblée, le premier secrétaire de l’USS, Daniel Lampart, a pris la parole. Lors de sa brève intervention, il a souligné la longue collaboration entre l’USS et l’USDAM. Les conventions collectives de travail avec les orchestres seraient un puissant outil, et en ce qui concerne les conditions de salaire pour les indépendants, on viserait sur le long terme à imposer les tarifs comme une obligation générale. « Modernisation » a été le mot-clé – également sur le thème suivant : l’adaptation du projet fiscal fédéral 17 par la commission de l’économie du Conseil des Etats. Le paquet qui a été récemment ficelé à huis clos s’intitule « Réforme fiscale et financement de l’AVS ». La commission l’a approuvé en mai à l’unanimité. Comme son titre le laisse facilement deviner, son coup de maître consistait à fusionner la réforme de la fiscalité des entreprises avec l’assainissement de l’AVS. Selon Daniel Lampart, les améliorations résident essentiellement dans l’augmentation des cotisations des employeurs, des contributions plus élevées de la Confédération ainsi que sur la hausse de la cotisation des employés. Cette dernière mesure serait particulièrement utilisée dans certains cercles comme objection à cette proposition d’assainissement. « Nous ne devons cependant pas oublier que l’AVS représente en soi l’outil de redistribution des richesses de la Suisse », a rappelé le premier secrétaire de l’USS aux membres de l’assemblée. « Les dix pourcent les mieux payés des salariés suisses paient chacun environ un demi-million par an à l’AVS, mais ne reçoivent en retour qu’à peine un demi-million durant toute la durée de l’âge de la retraite ». M. Lampart a en revanche qualifié de hautement problématiques les réductions prévues de l’impôt sur les bénéfices pour les cantons. Elles pourraient mener de manière généralisée à de graves pertes de recettes fiscales et à des charges supplémentaires, et en conséquence à des mesures d’austérité au dépens de la population, en particulier dans le domaine de la culture. Daniel Lampart rappelle dans ce contexte la décision du Grand Conseil bernois de baisser de presque trois pourcent les impôts cantonaux sur les sociétés. Il a appelé à un large soutien du référendum contre la baisse d’impôts. La menace des pertes fiscales pourrait encore être potentiellement évitée par le biais d’une votation.
Une allocution de bienvenue des délégués communaux aux affaires culturelles ne saurait manquer. Veronica Schaller remarque d’abord que Berne est particulièrement représentée dans les domaines des musiques pop et rock, avant de passer rapidement à la musique classique. L’Orchestre symphonique de Berne aurait connu sous la direction de Mario Venzago un « envol insoupçonné ». Elle loua également de plus petites formations ainsi que la scène indépendante. « Chez nous, c’est un fait que les grands et les petits ne se marchent pas sur les pieds ». Mais avant tout : la ville de Berne veut augmenter de 2,3 millions, c’est-à-dire de 7%, les subventions culturelles pour les années 2020 à 2023. On mise en particulier sur l’aide directe aux projets. Et Mme Schaller de proclamer : « plus d’argent, pas plus de culture, mais une culture définie autrement, une culture définie et vécue en commun ». « Les nouvelles exigences en matière de culture toucheront aussi les musiciennes et musiciens classiques, et influenceront également tôt ou tard le travail des grands orchestres ». La déléguée à la culture conclut en indiquant que les changements ne devraient cependant en aucun cas se faire au détriment de ceux qui produisent la culture.
Elue tout récemment au poste de présidente du Conseil Suisse de la Musique, Rosmarie Quadranti adressa également quelques mots à l’assemblée : « Bien que la plupart des personnes de ce pays écoutent de la musique, les musiciennes et musiciens n’occupent pas la place qui leur revient de droit. » La conseillère nationale a fait remarquer que l’activité musicale suisse ne forme pas la moindre partie du Swissness qu’on exporte à l’étranger. « Si Nietzsche disait qu’une vie sans musique serait une erreur, ce n’est pas moins une erreur de prétendre que les musiciens pourraient vivre seulement de notes. On doit complètement tordre le cou à cette erreur ». Même 104 ans après sa fondation, bien des tâches attendent toujours l’USDAM, ajouta malicieusement Mme Quadranti.
Un aperçu des points les plus importants de la partie statutaire de l’AD : les rapports d’activité du Comité central et du secrétariat central ont été acceptés à l’unanimité. Il en a été de même pour tous les comptes annuels ainsi que pour le rapport de la Commission de gestion. La décharge a été accordée à l’unanimité au Comité central et à la secrétaire centrale pour leur travail fiable et engagé réalisé durant l’exercice 2017. L’adoption du budget pour l’exercice en cours n’a pas non plus rencontré d’opposition.
Une requête de la section de Zurich obtint en outre un soutien sans réserve. L’objet de la demande est la formation d’un groupe de travail qui « se confronte avec des modèles possibles d’infrastructures suprarégionales de bureau de placement et soumet, en vue d’une mise en œuvre, des propositions appropriées au Comité central, respectivement au secrétariat central ». Parmi les arguments, on a relevé que les bureaux de placement spécifiques aux sections ne seraient plus d’actualité. Il faudrait tendre à un modèle à l’échelle nationale.
En amont de l’assemblée, tous les membres du Comité central s’étaient déclarés à disposition en vue d’un nouveau mandat. Avec la secrétaire centrale, ils ont été reconduits dans leur fonctions pour un autre mandat de deux ans. En revanche, Norbert Himstedt a fait annoncer, en son absence, son retrait en tant qu’assesseur sans droit de vote. Les résultats des élections et des nominations dans les instances internes et externes figurent dans le procès-verbal de l’AD.
Comme chaque année, l’ordre du jour se terminait par le compte-rendu de la précédente conférence des présidents. Le président central a brièvement informé de la situation actuelle en matière de Good Governance. Pour rappel : les délégués ont approuvé l’année passée une requête pour la création d’une instance interne à l’USDAM, qui a entretemps conçu un document comparable à un principe directeur, avec lequel les « chargés de fonction dirigeantes peuvent et doivent régulièrement s’orienter à nouveau », comme cela est inscrit dans la requête. Beat Santschi soumettra la proposition de document à l’attention de l’assemblée ordinaire des délégués 2019, tandis qu’entretemps le groupe de travail finalisera le document.
Les changements de personnel font partie d’une vie associative active : après trois ans environ, l’assistante Sophie Spillmann quitte de sa propre initiative le secrétariat central afin de relever de nouveaux défis professionnels. L’assemblée prend congé de Sophie par de sonores applaudissements. Marlise Gachot, qui lui succède, est présentée immédiatement après. Elle a repris le poste d’assistante au secrétariat central le 1er juin déjà (voir aussi la communication faite dans la précédente édition).
Johannes Knapp, 28.06.2018
(traduit par Laurent Mettraux)