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L’Agenda Européen de la Musique

Présenté en mars 2018, ce document de 36 pages vise à établir un dialogue permanent entre les décideurs politiques et les différents acteurs du secteur de la musique.

Qui peut mieux connaître les besoins et les attentes des milieux musicaux que les musiciens eux-mêmes ? Alors que la plupart des secteurs économiques sont fortement représentés auprès des politiciens par un nombre conséquent de lobbyistes, la musique n’a que trop peu accès aux cercles des « décideurs », malgré son poids économique considérable. Souvent, ses ambassadeurs peinent aussi à définir des objectifs ou des impératifs communs. Le Conseil européen de la musique (CEM), dont font partie les principales organisations musicales faîtières du continent, a élaboré un important document paru l’an passé, l’Agenda Européen de la Musique (AEM), dont le but est l’identification des besoins collectifs et des priorités pour le futur. Dans une période d’incertitude, aux mutations rapides, il s’avère en effet important de pouvoir se baser sur un texte clair afin de promouvoir de manière équitable l’avenir du secteur musical et de le renforcer. Sa rédaction est le fruit du travail de sept groupes, formés d’experts représentant toutes les branches de la musique. Leurs conclusions, soumises ensuite à une consultation large et approfondie, ont été constamment guidées par l’objectif de présenter une vision commune afin de protéger et promouvoir l’art d’Euterpe en Europe.

Importance de la musique

Dans son introduction, le document souligne que la musique est un fondement de la civilisation européenne, dont elle reflète la diversité des identités culturelles. Favorisant l’épanouissement personnel et les échanges au sein de la société, l’art musical peut aider à combattre l’exclusion sociale. D’un point de vue plus matériel, il contribue à la croissance économique et à la création d’emplois. Parmi les changements que les rédacteurs de l’AEM appellent de leurs vœux, on peut citer une meilleure mise en valeur de la musique, une amélioration de son accès pour l’ensemble des membres de la société, un développement de la professionnalisation du secteur musical, un environnement de travail équitable, davantage d’opportunités d’interaction, des évolutions législatives à tous les niveaux et un cadre de financement permettant un soutien public et privé répondant aux divers besoins. Plus concrètement, neuf thématiques sont abordées, chacune assortie d’un catalogue des mesures nécessaires pour atteindre leurs principales priorités : trois objectifs principaux (éducation et accès à la musique ; diversité ; développement de la société), trois domaines d’action pour les atteindre (technologie ; mobilité ; reconnaissance) et trois moyens pour les servir (coopération et partenariat ; diffusion ; collecte et analyse des données). Parmi les propositions qui peuvent intéresser nos membres, on peut citer la valorisation du travail des auteurs et des artistes par des systèmes de rétribution et de protection sociale équitables, le réexamen des modèles de rémunération des plateformes de partage de contenu et la recherche de solutions afin que les droits d’auteur et les droits voisins soient respectés correctement (pour faire suite à la campagne fair internet), la création et l’amélioration d’outils dédiés à la promotion et à l’exportation de la musique européenne, le développement des partenariats avec les radios publiques et privées, la mise en œuvre d’une législation soutenant les médias qui promeuvent la culture (on peut penser par exemple aux critiques musicales qui se raréfient dans une grande partie de la presse écrite), la collaboration avec des domaines tels que l’éducation ou la santé (par exemple l’exploration des avantages de la musique sur la santé et le bien-être). Il convient en outre de veiller à ce que tous les travailleurs du secteur de la musique jouissent du droit de négociation collective, quelle que soit leur relation de travail, de prendre garde à faciliter et si possible à harmoniser les contraintes administratives telles que les visas ou le transport des instruments de musique, ou encore de se préoccuper de la mobilité dans le respect des normes sociales applicables dans le pays de destination (lutte contre le dumping salarial).

Pourquoi cet Agenda ?

Quoique cet Agenda puisse sembler à première vue purement théorique ou apparaître comme un simple catalogue de vœux pieux, il ne doit au contraire nullement être négligé, puisqu’il permet de coordonner et prioriser les efforts de tous les acteurs de la branche. Il peut ainsi servir de référence, de base de discussion et de dialogue avec les institutions et le monde politique, voire inspirer des changements législatifs afin d’atteindre au respect des Cinq Droits de la Musique tels qu’exprimés par le Conseil international de la musique : droits pour les enfants et les adultes de s’exprimer musicalement en toute liberté, d’apprendre et d’étudier les langages et savoir-faire musicaux, d’accéder à la musique à travers la participation, l’écoute, la création et l’information ; droits pour tous les artistes musicaux de développer leur art et de le communiquer par le biais de tous les médias, au moyen d’outils et de structures appropriés mis à leur disposition, ainsi que d’obtenir une juste reconnaissance et une rémunération équitable pour leur travail. Cet Agenda fournit ainsi une caution morale aux revendications des différentes associations actives dans ce domaine, telle l’USDAM, dont le président a représenté la FIM lors des consultations ayant préparé la rédaction de l’AEM.

Laurent Mettraux, 28.11.2019

http://europeanagendaformusic.eu